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Inga ôhô
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17 janvier 2007

Séance de rattrapage : Kamikaze Girls

L'année 2007 étant déjà là, il était temps de rattraper le retard dans le visionnage des films de 2006. Petit coup de projecteur sur un film japonais (encore un) qui vaut le détour : Kamikaze Girls (Shimotsuma monogatari en V.O). Au menu : scénario frappé, pop culture nippone, hybridation entre film live et animation, le tout servi par 2 actrices très en forme.

18644359Momoko (Kyoko Fukada) a 17 ans. Fan inconditionnelle de l'époque Rococo en France (!), son attirail composé d'une pléthore de robe à froufrous, d'une ombrelle et de bonnets et autres couvre-chefs brodés contraste sévérement avec la tristesse et la banalité provinciale des habitants de Shimotsuma. Momoko n'a pas sa langue dans sa poche, n'a pas de compassion, encore moins d'amis car elle n'en voit pas l'utilité. Que le monde ne la comprenne pas lui importe peu : elle vit pour elle seule. Par choix, mais aussi par nécessité, coincée entre un paternel ex-yakuza raté reconverti dans la contrefaçon de produits Versace et une grand mère borgne en pleine phase de régression infantile. Les seuls répits de Momoko ? Ses escapades au magasin "Baby. The Stars shine brigt", la boutique tokyoïte où elle dépense une fortune en robes de lolitas, et ses longues séances de broderie.

Rien ne destinait Momoko à changer. Mais ayant besoin d'argent, elle décide de vendre les stocks de contrefaçons de son père. Débarque alors dans sa vie son exact opposé : Ichiko (Anna Tsuchiya), une yanki appartenant à la bande des Pony Tails. Autant Momoko est introvertie, délicate et polie, autant Ichiko est grossière, violente, aggressive et dure. Et pourtant, entre la précieuse poupée et la rebelle bikeuse va naître une grande amitié.

18603824Je sais, ca ne paye pas de mine. Même si le film a du mal à être d'un niveau égal sur la durée (mais la barre est placée très haut avec la première moitié), Kamikaze Girls vaut le coup d'oeil pour son humour très visuel, son exagération permanente, ses influences en provenance de l'animation et du manga, et sa trame (la recherche par les 2 héroïnes d'un brodeur légendaire afin de faire un cadeau d'adieu au leader du gang des Pony Tails) qui sert de fil conducteur à une petite analyse des espoirs et des désillusions de la jeunesse japonaise à l'orée de l'âge adulte. C'est d'ailleurs là que ca coince le plus : à force de vouloir trop en faire, Tetsuya Nakashima ne fait rien d'autre que poser un regard attendri et ironique sur ses personnages caricaturaux à défaut de poser de vraies questions. Mais Kamikaze Girls est avant tout une comédie, et de ce point de vue là c'est une réussite complète : les scènes délirantes s'enchaînent, les protagonistes sont tous plus barrés les uns que les autres et habilement mis en scène (mention spéciale au furyo Ryuji "la Licorne" qui doit son nom à sa proéminente banane), et Anna Tsuchiya comme Kyoko Fukada sont parfaites dans l'excès de mimiques, d'expressions et d'intonations. A noter également la jolie bande son de Yoko Kanno, plus connue en France pour ses contributions dans des dessins animés comme Macross, Cow Boy Bebop, Ghost in the Shell, Escaflowne ou encore Wolf's Rain.

18603829 Quelques mots sur les actrices qui, en plus d'être plus que jolies (voire carrément belles si vous êtes sensible au charme nippon), sont talentueuses. Fukada est une idol, mannequin, chanteuse, actrice qui après avoir goûté aux plus hautes sphères de la célébrité (son 20ème anniversaire en 2002 a été un événement national) a connu une grosse traversée du désert pour X raisons. Ainsi vont le business et le star system au Japon. Revenue sur le devant de la scène grâce à Kamikaze Girls en 2004, elle se consacre désormais principalement aux dramas, les feuilletons télévisés nippons. On a pu voir une autre facette de ses talents d'actrice dans l'excellent Dolls, de Takeshi Kitano, où elle interprétait une chanteuse très en vogue défigurée à la suite d'un accident.

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Anna Tsuchiya est une égérie un peu plus underground, mais tout aussi prisée. Elle a démaré elle aussi par le mannequinat, avant de se consacrer à la musique en 2002 en rejoignant le groupe Spin Aqua, puis en démarrant une carrière solo couronnée d'un plus grand succès en 2005. Pour ceux qui connaissent le D.A Nana, le générique de début est un des morceaux de la demoiselle. Le rôle d'Ichiko est sa première apparition au cinéma. Depuis, on a pu la voir dans le très réussi Taste of Tea.

Bancal, Kamikaze Girls vaut donc plus que le coup, grâce à sa réalisation nerveuse, ses personnages hallucinés et son humour omniprésent. Condition sine qua non : s'intéresser un chouïa à la culture japonaise, sous peine de passer complétement à côté!

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